Sponsor de la Semaine de l’éducation aux médias et à l’information (SEMI), Canal+ Madagascar a également apporté son soutien pour l’opérationnalisation de la plateforme en ligne TASK, le pôle emploi et stage en communication et culture. Onjatiana Razafindrakoto, directrice générale de cette entreprise, a par ailleurs figuré dans la liste des panélistes, lesquels ont partagé leurs connaissances et suggestions au sujet du piratage. Elle nous livre plus de détails sur ces sujets dans cette interview.
La Vérité (*) : Qu’est ce qui explique votre présence remarquée à la première édition de la SEMI ?
DG de Canal+ Madagascar (=) : Il s’agit d’un évènement mondial qui nous concerne directement, en tant que groupe international œuvrant dans la communication et les médias. La Semaine de l’éducation aux médias et à l’information s’avère très importante puisqu’il y a une multitude d’informations qui circulent depuis le développement de l’Internet. C’est indispensable de remettre cet aspect éducation sur la consommation et sur la diffusion des informations. Tout peut partir des malentendus pouvant provoquer des dégâts monstrueux, tout cela à cause d’une mauvaise info. On a besoin de se recentrer sur l’éducation. Une désinformation peut détruire beaucoup de choses, des gens, des vies, des carrières. Il ne faut pas que les médias soient un outil pour détruire ou pour désinformer. Ils doivent rester un instrument pour que les gens puissent s’ouvrir au monde. Nous voulons véhiculer cela et ne pas raconter n’importe quoi.
(*) : Pourquoi avez-vous insisté sur le piratage lors de votre intervention à l’un des panels du colloque ?
(=) : Ce qui dit piratage dit vol. Il n’existe pas dans le monde une personne qui se lève le matin en se disant : je vais travailler gratuitement sans être rémunéré. Pour notre groupe, des personnes travaillent sur tout ce qui est diffusé sur nos chaînes, que ce soient des contenus télévisés, cinématographiques ou encore des émissions musicales, reportages, etc. Le fait de consommer ou de propager le piratage, c’est anéantir ces travailleurs. Je représente aujourd’hui le gros canal, avec beaucoup de producteurs indépendants qui travaillent avec nous. A l’exemple de la chaîne Novegasy, aucune production Canal+ n’y est diffusée. Ce sont les producteurs indépendants malagasy qui signent un contrat avec nous. On achète leurs œuvres, on les diffuse et on s’engage à les protéger. Même les reportages diffusés sur les chaînes sont souvent achetés chez des reporters indépendants. Le football, l’un des contenus les plus piratés au monde, coûte cher. Bref, tout ce qu’on diffuse a un prix et les consommateurs des pirates tuent leurs propres compatriotes.
(*) : Que comptez-vous faire face au pullulement de la télé par Internet en ce moment ?
(=) : La télé par Internet, connu sous l’appellation « IPTV », fait partie des cas de piratages qui existent depuis longtemps et partout dans le monde. Des mesures ont déjà été prises et seront renforcées dans les semaines à venir. Cela fait un moment qu’on travaille sur le sujet. Les mesures ne s’appliqueront pas uniquement au niveau national mais aussi au niveau international puisque les têtes de réseau se trouvent souvent à l’étranger. Ils n’ont pas de salariés, ne payent rien, ni impôts ni taxes ni recettes fiscales pour le pays. C’est triste que les consommateurs nourrissent des personnes qui ne contribuent pas au développement économique du pays. Quoi qu’il en soit, le piratage ne nous empêchera pas de nous développer et de créer de la valeur dans les pays où on est présent. On a une filière, des salariés, des productions locales, cette empreinte locale fait la force du groupe. On soutient des évènements, des artistes, des producteurs locaux, l’éducation, les droits de la femme, les droits des PSH. On aimerait perdurer.
(*) : En quoi consiste votre soutien pour la plateforme TASK, aux cotés du ministère de tutelle ?
(=) : La communication et la culture constituent notre secteur d’activité, une des raisons de notre soutien pour la plateforme TASK. C’est une vraie innovation technologique apportée par le ministère de la Communication et de la Culture (MCC) pour Madagascar. Aucune plateforme reliant les employeurs et les demandeurs d’emploi n’existait auparavant. Quand nous cherchons des talents, soit on fait de la publication sur Facebook, soit on fait appel à des sociétés de recrutement. La plateforme est pratique, on pourra y mettre nos propositions d’emploi et avoir des candidatures déjà présélectionnées. Tous les pays développés disposent d’un pôle emploi ou d’un site Internet regroupant toutes les offres d’emploi, tous secteurs confondus. J’espère que les autres secteurs vont suivre l’initiative du MCC parce que la démarche est compliquée tant pour les demandeurs que les recruteurs. Il y a énormément de débauchage faute d’une plateforme légale, considérée comme une « concurrence déloyale ». Cette plateforme va réguler naturellement le marché de l’emploi entre l’offre et la demande et va permettre à des personnes d’aller cibler les domaines et les métiers qu’ils aimeraient réellement faire.
Propos recueillis par Patricia Ramavonirina